Un détour par l'île de la Tortue...

Cela faisait maintenant plusieurs heures que le navire où se trouvait Victor avait accosté dans le port de l’île de la Tortue. Cinq heures, pour être précis. Le soleil de l’après-midi se faisait de plus en plus bas, mais la chaleur ambiante ne cessait de monter, oppressante, étouffante. Sur le pont, assis sur un tonneau, taillant un morceau de bois avec un couteau à la lame acérée, Victor scrutait la foule sur le quai d’un air impatient…

Qu’attendent-ils… Ils ont vraiment décidé de me faire perdre mon temps, ces bons-à-rien…

Il serra les dents. Au bas du navire se trouvait une dizaine de caisses de taille respectable, toutes marquées d’un croix rouge. Le chargement que Victor accompagnait. Que contenait-il ? Difficile à dire pour toute autre personne que son acquéreur. Pourtant, en s’approchant de très près, il n’était pas impossible que l’homme trop curieux puisse ressentir ce caractéristique picotement dans le nez, cette envie d’éternuer, avant de deviner à l’odeur ce que la caisse contenait vraiment… Le fumet de la poudre était trop courant et trop spécifique pour ne pas le reconnaître, à plus forte raison pour ceux qui le côtoyaient souvent…

Une dizaine de fusils, une vingtaine de mousquets et vingt-cinq tonnelets de poudre étaient en tout et pour tout contenus dans ces caisses. Mais où étaient donc passés leurs acheteurs ? C’était la question que se posait notre marchand, alors que le soir pointait et que la luminosité diminuait peu à peu. Devant le bateau circulait une foule hétéroclite de personnes de tous âges, de tous sexes et de toutes les provenances sans qu’aucun ne daignât faire une halte devant le déballage qu’effectuaient les marins à une allure pressée…

Les minutes passèrent, pareilles à des heures. Alors que Victor serrait les poings de rage en pensant au précieux temps qu’il perdait, un bruit se fit entendre, parcourant la foule. Les personnes au loin semblaient s’écarter au fur et à mesure que quelque chose avançait vers le vaisseau. Victor se dressa pour mieux voir. A quelques dizaines de mètres, il aperçut alors un homme de taille moyenne, vêtu d’une ample veste de ciré, arborant un large chapeau surmonté d’une fausse plume d’un rouge éclatant. Son pantalon rigide et poussiéreux battait sur ses jambes dont l’une claudiquait légèrement, et le bruit de ses bottes sur le pavé se faisait entendre à bonne distance. L’homme était accompagné d’une dizaine de gorilles tous dotés sans exception de bandanas à la tête et de tatouages de marins. Fendant la troupe de badauds qui circulaient sur le port, l’individu et sa suite s’approchèrent d’un pas décidé du bateau où se trouvait Victor. Celui-ci soupira:

Enfin… Le Capitaine Fletcher…

Il descendit alors près des caisses, qu’il atteint presque en même temps qu’arrivait le pirate avec qui il avait affaire… Les deux hommes se dévisagèrent un moment. Le temps entre eux semblait s’être suspendu. Pas un mot, plus un bruit. Puis le capitaine éclata d’un rire sonore et machiavélique avant de tendre la main à Victor. Par politesse, ce dernier la lui serra d’une poignée ferme, puis lui adressa sans se départir de son sérieux :

Ne nous attardons pas inutilement. Vous avez l’argent ?

En voilà un qui ne perd pas son temps ! S’exclama l’homme sans quitter son sourire. Il lui lança alors une bourse. Le compte y est !

Permettez que je vérifie…
D’un geste rapide, Victor versa le contenu de la bourse sur la caisse la plus proche. Un amas de souverains d’or s’y étalèrent dans un déluge de bruits de métal. Rapidement, le marchand sélectionna une dizaine de pièces équitablement réparties dans le lot et les inspecta une à une, vérifiant si elles n’étaient pas fausses. Calmement, et avec les gestes précis et vifs d’un connaisseur, il entreprit ensuite de les compter. Après qu’il eût fini ses comptes, son regard perçant se tourna sur Fletcher…

A qui pensiez-vous avoir affaire, Capitaine Fletcher ? Il manque en tout et pour tout 15 souverains d’or… Pensiez-vous que je ne le remarquerais pas ?

Le pirate pâlit, et son sourire s’effaça aussi rapidement qu’il était arrivé.

Je ne les ai pas. Alors vous devrez vous contenter de ça !

Il n’en est pas question. Répondit Victor sur un ton froid, comme à son habitude.

Promptement, il se saisit d’un pied-de-biche qui se trouvait près d’une de ses caisses, et sans laisser au pirate la moindre occasion de dire un mot, il l’enfonça dans le bois. Appuyant fermement à deux reprises, il fit sauter le couvercle devant ses clients, perplexes. Il plongea les mains dans la caisse et en sortit trois pistolets de très belle facture, qu’il attacha tout de suite à sa ceinture. En se tournant vers son interlocuteur il expliqua :

Je vous fais un cadeau, malgré tout. J’aurais dû en emporter plus que cela. Je vous laisse méditer sur votre geste, et j’espère que la prochaine fois le compte y sera sans problèmes…

Le visage déformé par un rictus de colère, le capitaine ne répondit pas. Il hurla brièvement un ordre à ses gorilles, qui se chargèrent d’emporter les caisses. L’étrange procession décampa sans demander son reste, et Victor se retrouva alors sur le quai vide, désert, tandis que la nuit approchait pour reprendre ses droits.

Il se trouvait maintenant avec trois pistolets à sa ceinture, qui ne lui étaient d’aucune utilité… Une seule solution, les revendre. L’endroit le plus indiqué était la taverne, bien entendu. Notre homme se dirigea alors d’un pas rapide à travers les ruelles vers l’antre à l’atmosphère viciée où se regroupaient les plus alcooliques des forbans des quatre mers. Il n’aimait pas l’île de la Tortue… Les gens n’y étaient pas fiable, les sols étaient crasseux comme ceux qui les foulaient aux pieds, l’air y était lui-même malsain… Voilà pourquoi Victor ne s’y rendait qu’en cas de réelle nécessité.

Après quelques détours, il finit par atteindre la taverne du Coffre et de la Choppe. Il poussa la porte… La fumée qui s’échappa vers l’extérieur le repoussa dans un premier temps. Décidément, Victor ne supportait pas la cigarette, pas plus que la pipe. Puis il entra et se dirigea immédiatement au comptoir. Le bruit et les cris étaient assourdissants. Malgré tout, le barman ne semblait pas en être affecté, nettoyant nonchalamment un verre en jettant des regards désintéressés sur la masse. Puis il se tourna vers Victor :

Qu’est-ce que je vous sers ?

Un verre de vin. Et si vous connaissez acquéreur pour trois pistolets orphelins, de très bonne facture et chargés je suis également preneur.

Le barman le servit sans mot dire. Victor se tourna alors vers la pièce principale, accoudé au bar, attendant de trouver une personne parmi tous ces forbans qui serait susceptible de rechercher des armes, et d’en payer le prix...

J'étais tranquillement installé au comptoir sirotant un rhum, ha qu'est ce que je n'aurais pas donné pour une bonne Vranken blonde bien fraiche du pays, même une bière fraiche n'importe laquelle m'aurais suffit mais sous ces latitudes avec la chaleur étouffante c'est mission impossible.

Je repensais alors à Amsterdam ses tavernes et aux tournées que j'aurais pu faire là-bas, bière, bière, bière cette boisson m'obsédait, il me fallait de la bière.

Un homme vint s'installer près de moi, bof un quidam je n'y prêtais guère attention mais ses paroles me sortirent brusquement des mes rêves de bière.

Et si vous connaissez acquéreur pour trois pistolets orphelins, de très bonne facture et chargés je suis également preneur.

Un pistolet, je n'étais pas fervent de ces armes mais on en faisait de plus en plus perfectionnait et ces dernières années c'était vraiment devenu une arme fiable et puis je n'ai plus 20 ans et ferrailler avec mon sabre est de plus en plu éprouvant.

De bonne facture et chargés en plus, la providence m'envoyait cet homme, dommage qu'il n'ait pas une bière fraiche à me vendre.

Je me penchais vers l'homme.

Dites moi l'ami j'aie entendu dire que vous vendiez trois pistolet, un ou deux me suffiraient amplement enfin tout dépend du prix.

Le quidam me regarde bizarrement, j'ai l'impression qu'il me détaille comme il détaillerait une cargaison. pour sûr son oeil semble avisé et il a du se faire une rapide opinion de ma petite personne.

Arf il me met en joue, je reste impassible mais je n'aime pas trop ses manières surtout qu'avec ces engins là un coup est vite parti.

Voila maintenant qu'il me sort tout sa panoplie d'arguments, sacré bonimenteur bein sûr il va pas me dire que sa marchandise c'est de la camelote. Après son discours il me tend l'arme que j'en évalue la qualité.

J'y connais pas garnd chose mais je jette quand même un oeil, sûr qu'à première vue ça à l'air de bonne facture mais bon on ne sait jamais.

Pendant que j'inspecte l'arme il m'annonce le prix 8 couonnes pour une 15 couronnes les deux. Godverdamn !!!! 15 couronnes c'estquasiment toutes mes économies.

Comme vous le dites 1 minute pour recharger une telle arme c'est extrêmement long surtout que pendant un combat il s'en passe des choses en une minute. C'est pourquoi je pense qu'il m'en faudrait deux. Pour ce qui est de viser pas besoin, a voir comment on s'en sert sur un bateau c'est en combat rapproché pour éliminer rapidement un adversaire dangereux ou d'autres proches en surnombre, 3 ou 4 pas maximum. Même si ma vue commence à défailir à cette distance je raterais pas un homme j'en jurerais.

Tout vos discours sur la qualité de ces armes sont bien beaux mais je ne fais confiance qu'à moi même et à mon expérience pas à la théorie et un certificat de qualité qui plus est anglais ne vaut rien à mes yeux.

15 couronnes c'est toutes mes économies et à ce prix là je veux pouvoir essayer ces joujoux et me faire mon propre certificat de qualité estampillé Ian van Nieuwenhuyze. Trouvons nous un coin tranquille si vous êtes d'accord et faisons peut être affaire.

Voilà un marin qui aime le concret... Pensa Victor. Je ne m'étais donc pas trompé.

Le trafiquant d'armes sourit en coin et récupéra le pistolet, qu'il glissa dans sa ceinture, à côté de ses deux semblables. Puis il regarda le marin et lui répondit:

Parfait, Monsieur. Si tel est votre désir, je vous offre de les essayer vous-même. Une seconde...

Il se tourna vers le bar et lança au tavernier:

Une bouteille de rhum!

Au milieu du tumulte des pirates ivres, un homme au ventre rebondi qui se trouvait derrière le comptoir se saisit d'une bouteille et la fit glisser sur la table jusqu'à la main gantée de Victor. Alors que ce dernier se saisissait du breuvage, le barman lui dit de sa grosse voix:

C'est 3 shillings la bouteille, pour les étrangers!

Sans sourciller, Victor tira quelques pièces de sa bourse et les tendit avec dédain au tavernier. Puis il se retourna vers son client:

Allons dehors. Nous serons plus à l'aise pour parler, et peut-être pourrez-vous essayer vous-même l'une de ces armes.

Il tourna les talons et se dirigea vers la sortie. Dans l'auberge, tout n'était que tumulte et agitation. Les pirates avinés hurlaient des jurons en trichant au cartes, tandis que les serveuses usaient de leurs charmes pour faire consommer les hommes bien au-delà de la raison... L'atmopshère, l'air même de la pièce étaient viciés. Non pas que Victor ait eu les narines particulièrement sensibles, mais il ne supportait pas ce genre de trous à rats. Il se hata de traverser la salle pour se retrouver devant la porte d'entrée. Il jetta un coup d'oeil en arrière en fronçant les sourcils d'exaspération. Il n'avait qu'une envie, sortir d'ici. Il fut intérieurement soulagé de voir que le vieux marin l'avait suivi sans s'attarder au comptoir. Il ouvrit la porte...

Au-dehors, l'obscurité de la nuit avait repris ses droits. Les rues étaient bien moins peuplées que dans la journée, mais la proportion de noctambules sur l'île de la tortue restait immensément plus élevée qu'à Port Royal. L'air était bien meilleur à l'extérieur. Victor prit une grande inspiration puis dévisagea de nouveau son interlocuteur.

Bien... Si vous désirez voir vous-même ce que valent ces pistolets, en voici un. Si vous connaissez un endroit plus approprié que cette rue pour l'essayer, je vous accompagne...

Sur ces mots il tendit l'un des pistolets à Ian et huma de nouveau l'air du soir, plus confiant que jamais dans l'affaire qu'il s'apprêtait à conclure.

Hé bien je connais un endroit où nous serons tranquilles à l'extérieur de la ville. C'est une maison abandonnée qui servait de repaire à un vieux grigou. Paraitrait que son fantôme hante encore la bâtisse et protégerait son magot.

La baraque est isolée et à moitié mangée par la végétation on devrait pouvoir y tirer quelques coups de feu sans être trop dérangés.

Quoique ici même personne n'y prêterait attention, mais bon vaut mieux être discret autant que possible.

J'emmenais l'homme à ma suite, nous sortimes de la ville sans trop d'encombres puis après une centaine de mètres sur la route principale nous bifurquames sur un étroit sentier. Nous progressames non sans mal sur une centaine de mètres et je du jouer du sabre parfois pour me débarasser d'une végétation trop prenante. C'est alors qu'apparut devant nous la maison du vieux Mac Gregor.

Victor suivit, méfiant, l'oeil aux aguets, le vieux marin qui l'emmenait à travers le dédale des ruelles. A en juger par son aisance d'orientation dans un tel labyrinthe, notre marchand eût vite la confirmation que ce vieux loup de mer connaissait la ville comme sa poche. Cependant... Etait-ce alors bien prudent de le suivre ? Ne pouvait-il pas se cacher, derrière cette apparence de calme et de simplicité, un esprit retors en train d'ourdir un plan d'embuscade ?

En cas de problème, ce type à l'avantage du terrain... Et il pourrait ne pas être seul... Que faire...

Victor tenta malgré tout de se raisonner et parvint à se rassurer intérierement.

Il n'ya a pas de soucis... Je suis plus armé que n'importe quel pirate dans cette ville, et je fais mouche à tous les coups. Et puis... Qui oserait s'en prendre à moi, maintenant que mon nom est connu dans tous les grands ports?

A ces pensées, Victor retrouva son assurance et pressa légèrement le pas. Les deux hommes traversèrent les rues boueuses et pleines de forbans avinés qui dormaient dans la crasse faute d'un toit pour se loger ou incapables de regagner leur domicile. Petit à petit, l'entrée du port se profila, puis la sortie de la ville. La route principale se dressa alors, sinueuse et vide comme un fût de bierre percé. Victor et Ian l'arpentèrent en silence un moment, puis le pirate bifurqua dans les taillis, sur une petite route abandonnée. La végétation était dense, et le guide ne tarda pas à sortir un sabre pour trancher les branches et les plantes qui entravaient leur progression.

Où ce chemin mène-t-il...? QU'est-ce qu'il compte trouver, par là...

Lorsque Ian raconta la petite légende qui courrait sur la maison vers laquelle ils semblaient se diriger, Victor fronça les sourcils. Il n'avait jamais entendu parler de cette histoire...

Enfin... Pensa-t-il. Si ça me permet de conclure l'affaire avec ce drôle de gars...

Ils poursuivirent leur chemin péniblement pendant quelques minutes sous les frondaisons. L'air de la nuit était agréablement frais, mais chargé d'humidité. Entre la mousse qui tapissait le sol et les racines qui jonchaient le chemin, Victor manqua à plusieurs reprises de perdre l'équilibre. Il sortit son sabre richement paré et commença lui aussi à trancher les fougères. Au détour d'un virage, il perçut un sifflement reptilien. Il remarqua juste à temps le serpent qui s'approchait et lui embrocha la tête d'un geste vif et discret, sans alerter l'homme qui le précédait. Chemin faisant, et avec une moue de dégoût, il tira un mouchoir et nettoya le sang qui macculait son arme.

Après quelques centaines de mètres, les arbres s'écartèrent pour laisser place à une petit clairière. Au milieu de celle-ci se dressait une petite maison. Une masure aurait été un terme plus exact, car la bâtisse croulait littéralement sous la mousse et les poutres rongées par les termites. Manifestement, il y avait bien longtemps que personne n'était venu ici. Il était peu courant de trouver des habitations dans ce genre d'endroit. Sans trop laisser paraître sa surprise, Victor sortit un pistolet et lança au vieux pirate:

C'est ici que vous souhaitez vous entraîner ? Eh bien, commençons sans plus tarder...

Il ramassa une planche de bois vermoulue et un morceau de charbon, avec lequel il traça une cible qu'il posa contre un pant de mur. Il s'en écarta et invita son nouveau client à s'exercer dessus avec son pistolet.

Je vous en prie, Monsieur, à vous l'honneur...

Enfin il me donna l'arme, elle était lourde moi qui n'était pas habitué aux armes à feux cela me surprit mais comme on dit "si c'est du lourd c'est du bon".

Il traça une cible sur une planche qu'il posa contre un mur.

Que devais je faire prendre mon temps et viser où alors tirer à vue comme cela se passerait normalement sur le pont d'un navire. Ne sachant pas trop je décidais de viser ce serait le meilleur moyen de juger des capacités de l'arme et des miennes.

Je pointais la cible posée contre le mur quand je vis un visage apparaître le visage d'un vieil homme d'une pâleur surnaturelle à la fenêtre, ni une ni deux, j'oriente mon arme vers l'apparition et je tire. BANG... Plus rien...

Tout excité je m'adresse à Victor.

GODVERDAMN DE GODVERDAMN, vous l'avez vu, j'suis sûr que c'était lui et je l'ai touché j'en mettrais ma tête à couper. Allons voir à l'intérieur je veux en avoir le coeur net.

Moi j'pense que c'est la peur qui m'a donné des ailes, quand j'ai vu cette ombre à la fenêtre j'me suis dis c'est lui ou moi.

Notre imagination dites vous, alors vous aussi vous l'avez vu.

Je ne sais pas si on doit entrer dans cette bâtisse, pas sur que vos beaux pistolets sois bien efficaces contre ce genre de créature si créature il y a.

Pour sur que si j'étais seul j'aurais déjà déguerpi, mais puisque vous êtes là et volontaire allons nous assurer de ce que nous avons vu.

Qui sait avec un peu de chance si le vieux Mac Grégor n'y est pas son trésor y est encore.

Accompagné de Sahxley, je me dirigeais vers la maison délabrée et poussais la porte de bois vermoulu. Un horrible grincement se fit entendre.

Victor risqua un coup d'oeil rapide à l'intérieur de la maison alors que la porte achevait de s'ouvrir dans un horrible bruit de gongs rouillés. Les ténèbres avaient depuis longtemps envahit les lieux, semblait-il... Pas une seule lumière ne filtrait à l'intérieur, excepté un mince filet arrivé par miracle depuis la fenêtre ouverte par laquelle le vieux marin avait aperçu ce "fantôme"... Par un amusant hasard, ce halo se projetait sur le sol en un cercle d'un petit mètre de diamètre, qui se tenait aux milieux des ombres comme la dernière place forte de la lumière dans un lieu souillé par l'obscurité.

Au moins, l'ambiance prête volontiers à croire aux fantômes, ici... Pensa Victor.

Il fronça les sourcils en essayant d'accoutumer ses yeux à la noirceur de la pièce. Petit à petit, des formes se dessinèrent, et il commença à deviner l'apparence globale de l'entrée. Quelques chaises, pour la plupart renversées... Une petite table, avec un objet indéfinissable posé dessus... Une cheminée au coin Nord-Est... Et de la poussière et des morceaux de bois en quantité impressionnante sur le sol. Cela devait faire plus de 100 ans que cette maison demeurait inhabitée...

Très bien... Entrons, si vous le souhaitez.

Il posa un premier pied sur le plancher de bois. Un grincement sonore retentit sous lui. Puis un autre sembla lui répondre, ailleurs dans la maison... A l'étage, ou au plafond. Quoi de plus normal dans une maison en ruine ? Cependant Victor, intrérieurement, n'en menait pas large. Sa main qui tenait toujours le pistolet se crispa un peu plus sur la crosse... Il avança encore d'un pas. De nouveau, les gémissements de la maison se firent entendre. C'est accompagnés de ces inquiétants craquements que les deux hommes pénétrèrent dans la maison...

Victor s'avança dans la pièce, tâtonnant de-ci de-là pour se donner des repères. Son regard restait fixé sur ce halo de lumière blafarde que leur offrait la lune à travers la fenêtre... Avait-il peur de risquer son oeil ailleurs ? Il continua à avancer. Petit à petit, alors que rien d'autre ne se produisait, la confiance lui revint. Après une longue minute, il se sentit rassuré. Non, il était impossible que cette maison renferme...

Toujours dans le noir, à quelques centimètres du cercle de lumière, il se tourna vers la silhouette de Ian en souriant, et lança:

Vous voyez ? Il n'y a rien i...

Il n'eut pas le temps d'achever sa phrase. Une bourrasque sortie de nulle part s'inflitra elle aussi par la fenêtre et, avec un sifflement de mauvais augure, vint claquer violemment la porte de la maison sous les yeux des deux hommes ébahits. Sans perdre une seconde, dans un réflexe foudroyant, Victor se retourna vers la fenêtre et pointa l'arme dans sa direction... Rien... Un frisson lui parcourut le dos.

Que se passe-t-il ici...?