Un joyeux anniversaire ...

Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 08/03/2007

"Le ciel est sombre ... La mer est agitée ... Et tu t'en vas."

Des mots macabres rappellant une triste histoire. Une façon courte et claire de résumer ce qui s'est passé il y a 10 ans. Aujourd'hui, Valentine fête ses 25 ans. Et rien n'a bougé dans sa tête. Rien. Quand elle revient sur le quai, comme chaque année, "ce" quai si particulier, qui a marqué le début de son "indépendance obligée", de "ce manque affectif" que personne d'autre n'a su combler, et bien, elle ne peut faire autrement que redevenir l'enfant qu'elle a été. Cet enfant, qui 10 ans auparavant, a vu son père s'éloigner vers l'horizon, s'éloigner d'elle, de son coeur, de son âme. Elle pensait qu'elle pourrait s'y faire un jour, se passer de lui. Mais rien n'y fait : elle ne cesse de penser à lui chaque jour qui passe, de penser à cette vie. Cette autre vie, une vie différente de la sienne aujourd'hui. Car elle n'est plus la même désormais, elle n'est plus cette petite fille si rayonnante, si enthousiaste, que l'équipage de son père a connu. A part justement, quand elle se rend ici. Là où tout a commencé. Ou plutôt ... Là où tout s'est terminé. Terminé ... Peut-être pour quelqu'un qui n'aurait pas la hargne ni le courage d'affronter son passé, pour retrouver la seule personne qu'elle aime. Mais pour cette jeune file, non. Cette histoire n'est pas terminée et elle compte bien en écrire la suite. Dès qu'elle en aura les moyens. Seule Valentine peut savoir ce qui se passe dans sa tête. Car ce qui s'y passe, elle se le garde secrètement pour elle, rien que pour elle.

Chaque 3 mai donc, Valentine se rend sur le quai de Port Royal, le quai B plus exactement. Ce quai, elle n'est pas près de l'oublier. Mais elle aurait préféré ne jamais le connaître. Parfois, elle réfléchit à la vie qu'elle aurait pu avoir si tout ça ne s'était pas déroulé de cette manière. Elle pense aussi à ce qu'est devenu son père ... Plusieurs situations sont possibles. Il a peut-être été jeté à l'eau après la découverte de l'existence de sa fille ... Et non pas de son garçon. Mais sans penser aux conséquences les plus graves qui existent, il peut très bien être encore vivant aujourd'hui ... Mais sans la moindre capacité de se mettre à la recherche de sa fille. Essaie-t-il de se battre ? Ou a-t-il abandonné depuis bien longtemps ? S'est-il fait à cette idée et a-t-il repris une vie "normale" sans elle ? Au point d'être devenu un monstre sans coeur ayant tiré un trait sur son passé ? Elle se chassa bien vite cette idée de la tête, se demandant comment elle avait pu penser à une chose pareille ... Elle a toujours vu son père comme un homme formidable, lui ayant tout donné pour qu'elle soit heureuse ... Il a été un père, mais également une mère, car elle n'a jamais ressenti le moindre manque maternel, ce qui prouve qu'il a toujours su quelle attitude adopter pour la rendre comblée. Mais il aurait très bien pu être totalement transformé suite à cette aventure ... Comme on le dit si bien ... "Avec le temps va, tout s'en va ..."

Arrivée sur le sol sombre et terne, elle retire ses chassures et atteint le point le plus extrême du quai, afin de ressentir la sensation qu'elle a éprouvé ce jour là. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle faisait ça, chaque année. Au final, c'était peut-être un peu sadique envers sa propre personne d'agir ainsi, puisque c'était un instant plutôt douloureux et insuportable à vivre, mais, au fond d'elle-même, elle ne voulait pas oublier ce jour si important, car pour elle, oublier cette date et toutes les émotions qui vont avec, c'est oublier aussi tout le passé qu'il y a derrière. Ca peut paraître stupide mais elle elle en ressentait vivement le besoin. Et d'ailleurs, son principe de base à elle a toujours été de faire ce qu'elle voulait faire, lorsqu'elle avait envie de le faire. Et que personne ne pourrait la dissuader de ses choix et de ses convictions.
S'étant petit à petit imprégnée de la fraîcheur du sol sourd - vibrant sous les claquetis des vaguellettes venant s'écraser doucement contre la terre ferme, qui la séparait symboliquement de l'être le plus cher à ses yeux - elle lève son regard vers l'horizon - un regard noir et perçant, presque effrayant ; un regard fixe et ténébreux à la fois ; un regard doux, calmé par la mélancolie et en même temps agité, comme une mer retournée - se répétant inlassablement qu'il est par là-bas. Ce n'est pas si loin après tout. C'est ce qu'elle se persuadait sans cesse, étant petite. Lorsqu'elle observait la mer au loin, elle disait à son père, sur un ton serieux et majestueux "Toute façon, la mer, c'est pas si grand. Regarde, là-bas, on en voit le bout ... Même moi je le vois !" Son père lui répondait seulement par un sourire fier et digne.

Là, elle ferme les yeux, et revoit les images défiler. Défiler. Défiler avec lui. Avec lui. Puis sans lui. Sans aucune transition. Elle se voit seule. Perdue. Jeune et perdue. Jeune, perdue et abandonée. Il est 5h10 du matin et le soleil se lève lentement. Il faut rentrer à présent, pour ne pas croiser les "autres". Ces gens qu'elle ne connaît pas. Qu'elle ne veut pas connaître. Pour elle, ils sont tous pareils, il lui ont arraché ce qu'elle avait de plus précieux et ça, elle ne l'oubliera pas. Même s'ils ne sont que des nobles ... C'est encore pire. Une race à laquelle elle n'a jamais appartenu et à laquelle elle n'appartiendra jamais, car elle a toujours agi ainsi. Elle a du se fondre dans la masse. Mais pas question d'être reconnue. Où d'être connue en tant que telle. Pas question. Plutôt être fouettée que de faire partie de cette foule sans aucun but ... Sans âme.

Mais ce que Valenine ne savait pas ... C'est que depuis le début, elle est observée. Elle se croit seule à une heure pareille, ce qui est normal après tout. Sauf pour une personne espérant la même chose, mais ayant compris la situation avant elle ... Pas de chance.

Nombre de messages : 51 Date d'inscription : 12/03/2007

Il était encore très tôt lorsque Victor apparut au coin d'une ruelle, donnant sur le port... Vêtu d'un grand manteau noir qui masquait presque tous ses autres habits à l'exception de ses bottes, il s'était faufilé, silencieux comme le serpent, jusqu'à ce lieu de rendez-vous avant que les plus matinaux ne s'éveillent. Il était seul alors. En avance, comme d'habitude... Il profita des minutes de répit qui s'offraient à lui pour contempler l'univers qui l'entourait.

Le silence était quasi-total. La mer était d'huile, d'un bleu profond, sa surface seulement troublée par de petites ondes qui venaient caresser lentement les rochers de la jetée. Au loin, l'horizon se dardait à peine des premières lueurs de l'aube, avant que les feux du soleil ne l'embrasent... Le ciel était pur, vierge de nuages, et aucun oiseau des mers ne s'y illustrait à cette heure. Dans le port, les somptueux vaisseaux le la marine anglaise côtoyaient les modestes barques et les imposants navires marchands, donnant aux yeux du spectateur une image très hétéroclite. Le fond de l'air printanier était particulièrement agréable, légèrement rafraîchit par la brise marine. Victor en apprécia intérieurement la caresse sur son visage...

Mais quelles affaires pouvaient bien pousser un marchand comme lui à se promener à une heure pareille dans ce cadre paradisiaque ? Une vente, bien entendu... Et une vente bien particulière, puisqu'elle justifiait son déplacement en personne au lieu de l'emploi d'un intermédiaire. En effet, il avait reçu la veille une missive à son intention, envoyée par un coursier aux manières plutôt élaborées. Dès l'arrivée de ce dernier, Victor avai deviné au premier coup d'oeil que le messager était mandaté par une personne haut placée, un noble, ou un capitaine. Son intuition ne l'avait pas trompé.

Le message venait du capitaine Metral. La nouvelle avait fortement déplu au marchand, car elle le plaçait dans une position inconfortable. En effet, cet homme payait bien ses commandes, et sa fiabilité en commerce ne faisait aucun doute. Les quantités d'armes qu'il commandait n'étaient jamais dérisoires, et cela signifiait toujours pour Victor d'importants profits. Mais ce que notre trafiquant ne supportait pas chez cet homme, c'était sans aucun doute ses manières...

En effet, le capitaine Metral était une figure bien connue dans la haute société de Port Royal. Neveu de l'un des plus puissants nobles de la ville, il avait acquis son poste en faisant assassiner le précédent capitaine de son bâtiment, alors qu'il était son second. C'était un individu bien connu pour sa barbarie, ses méthodes brutales et ses exactions lors de ses missions avec son équipage, pour le compte de la Couronne. Il dirigeait donc une bande de forbans à la solde des Anglais. Son manque de savoir-vivre et ses pulsions perverses ou meurtrières n'étaient par ailleurs ignorées de personne.

Voilà pourquoi Victor avait longtemps hésité à se rendre à ce rendez-vous. Cependant, Metral détestant cordialement les intermédiaires, il n'avait eu d'autre choix que d'accepter et de se présenter près des quais aux aurores. Alors qu'il se demandait encore pour quelles raisons il avait bien pu accepter de revoir cet homme, Victor remarqua du mouvement sur la jetée, et risqua un coup d'oeil.

Il n'eût que quelques secondes pour observer l'inconnue qui venait d'apparaître sur les lieux. La jeune femme était très élégante, plutôt bien habilée (les vêtements noirs étaient l'affection de Victor, même sur d'autres personne), et semblait mi-rêveuse, mi-préoccupée. Très absorbée dans sa réflexion, elle n'avait pas aperçu l'homme qui se faisait discret au coin de la ruelle. Alors qu'il essayait de voir plus précisément son visage, une main bourrue sortit derrière lui et lui saisit l'épaule par surprise.

D'un geste de réflexe, Victor sursauta et se recula brutalement en se dégageant. Il entendit alors le rire sonore de Metral:

AH AH AH ! Alors Monsieur Harris ! On se laisse avoir ? Tenez-vous sur vos gardes, ou vous finirez avec un poignard dans le dos !

Victor se pinça la lèvre. A peine venait-il d'arriver que déjà le capitaine le mettait mal à l'aise et se moquait de lui. Peut-être était-ce un fait de son rang, mais Victor ne supportait pas ni ces "insultes" ni cette familiarité vulgaire...

Capitaine Metral... Ravi de vous revoir... Marmonna-t-il.

Metral était un homme de corpulence aussi solide que sa débauche et son manque de respect envers les femmes. Il regarda Victor d'un oeil aviné (il sortait tout juste d'une taverne, à en juger par son état) et s'exclama:

Ne perdons, pas de temps ! Vous aller me livrer vite fait...

Il s'interrompit soudain. Les yeux de Victor s'écarquillèrent de rage, tandis que le reste de sa personne essayait de garder un calme apparent.

"Vous allez me livrer vite fait..." De quel droit donne-t-il de tels ordres...? Pensa-t-il.

Mais le capitaine ne s'était pas interrompu pour rien. Jettant un oeil au-dessus de l'épaule de Victor, il venait de repérer la ravissante créature qui arpentait le pavé des quais. Un sourire mauvais s'étala alors sur son visage.

Quelle jolie poulette... Marmonna-t-il. Elle est pour moi... Attendez-moi ici quelques minutes, j'en aurai vite fait avec elle.

Le sang de Victor ne fit qu'un tour. C'en était trop pour lui. Alors que la brute passait près de lui pour se diriger vers la jeune femme, le bras du marchand le retint fermement.

Capitaine Metral... Je vais me permettre de vous rappeler deux choses avant que vous ne poursuiviez. La première est que vous avez affaire avec moi, et que je trouve inadmissible que vous ne me portiez ni le respect ni l'attention que vous me devez... La seconde est que l'acte que vous vous apprêtez à commettre, c'est-à-dire un viol, est fortement répréhensible par la loi, et mon rang m'interdit de vous laisser faire pareille chose à une femme, qui plus est une femme de haut rang.

Le marin ne tarda pas à réagir. Repoussant le bras de Victor sans ménagement, il s'exclama avec colère en s'éloignant du marchand pour se ruer sur l'inconnue:

Je me fous de vos principes et de votre morale imbécile ! Vous n'avez qu'à rentrer chez vous, je n'ai plus besoin de vos services, lâche !

Il n'eût que le temps de faire trois pas en direction de la jeune femme. Sabre au clair, Victor lui perça la poitrine au niveau du coeur.

Vous n'insulterez plus personne désormais, Metral. Lança froidement Victor.

L'homme tituba, les yeux et la bouche grands ouverts, puis s'écroula face contre terre, mort. La lame finement ouvragée fouetta l'air une seconde fois et une gerbe de sang en jaillit pour s'étaler au sol, près du corps. Victor porta son sabre richement paré en position de salut du duelliste, puis l'abaissa et tira un mouchoir de sa poche pour nettoyer la lame rapidement. Il se tourna alors vers l'inconnue qui avait assisté à quelques mètres à la scène qui venait de se produire. Sans lui laisser le temps d'ouvrir la bouche, Victor lui lança d'une voix monocorde:

Partons vite. Si la patrouille nous trouve ici, notre vie s'achèvera de façon tragique, j'en ai peur. Et j'imagine qu'il ne vont pas tarder...

Il rangea d'un geste vif son sabre dans un mouvement de son ample veste et se dirigea vers une ruelle proche en invitant la jeune femme à le suivre. Dans la direction d'où il était venu, des pas cadencés commençaient en effet à se faire entendre...

Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 08/03/2007

Complètement perdue dans ses pensées, rien ne pouvait perturber notre jeune Miss. Pas même le vacarme qui se déroulait à quelques mètres d'elle ... Elle en était consciente, certes. Les voix masculines et fortes étaient parvenues à son oreille, mais elle ne s'en préoccupait pas le moins du monde.

Elle ne voulait pour rien au monde perdre ces sensations si agréables qui la ramenait à elle, à lui, à eux deux. Et rien ne pouvait la sortir de sa rêverie profonde.

Elle resta donc là, immobile. Elle se moquait bien des gens qui se trouvaient derrière elle et qui l'observaient probablement ... Ils se demandaient sûrement ce qu'une jeune fille peut bien faire à cet endroit à une heure pareille, toute seule.

Mais ce qu'ils ne savaient pas, c'est que Valentine adorait errer dans les rues sombres et désertes, pour n'être déranger de personne. Elle se moquait bien du danger et des risques, surtout sur cette île, qui grouillait d'êtres peu fréquentables, voire dangereux ...

Soudain, quelque chose vint quand même l'extriper de ses pensées et elle ne put faire autre chose que réagir, lorsqu'elle sentit une main lourde et aggripante lui attrapper le bras, pour l'emporter ailleurs. Mais ... Elle ne voulait pas bouger, elle était très bien là où elle était !

Que lui voulait cet homme, bon sang ? Et depuis quand décidait-il pour elle ce qu'elle devait faire ??

Elle fit volte-face, d'un air agacé - déjà qu'elle se serait bien passée des nuisances sonores qui venaient de se dérouler il y a quelques instants, il n'en fallait pas grand chose de plus pour la mettre hors d'elle - et fixa le jeune homme méchamment. Elle se dégagea de son emprise et lui lança sur un ton surpris, désinvolte et impatient :

- Mais que me voulez-vous ? Laissez-moi donc ! Je ne vous connais pas !

Après ces brèves interjections, elle se retourna à nouveau, pour retrouver sa position de départ, en ne se préoccupant, en aucun cas, de l'homme qui se trouvait derrière elle ou ce qu'il faisait ou pouvait bien dire ...

[HJ : Désolée, j'ai pas pu faire bien long ... Je voyais pas trop ce que je pouvais rajouter !]

Nombre de messages : 51 Date d'inscription : 12/03/2007

Les jeunes filles de bonne famille sont toutes aussi stupides les unes que les autres... Pensa Victor avec rage.

Il tourna la tête vers la ruelle d'où il venait. Les pas cadencés se faisaient de plus en plus pressants, de plus en plus proches... La milice de Port Royal serait bientôt là. A mi-chemin, gisant dans son sang sur le port, Metral était à la portée de n'importe quel oeil qui se porterait dans le coin. Si Victor et la jeune femme se faisaient prendre sur les lieux du crime, ils étaient condamnés tous les deux.

Que faire ? Songea-t-il. Lorsque les miliciens verront le corps, ils essaieront de boucler le secteur, et nous serons inévitablement capturés... Notre seul espoir réside dans une cachette efficace et proche... Cette fille est la seule qui puisse nous sortir de ce pétrin...

Serrant le poing en essayant de conserver son calme, Victor s'adressa sur un ton froid et posé à l'inconnue qui lui tournait à présent le dos:

Vous ne semblez pas saisir la situation... Mademoiselle, ce type est noble et haut gradé, et je viens tout juste de l'abattre pour qu'il ne vous saute pas dessus. Le fait est que notre milice, dans son efficacité reconnue, est en train de se diriger dans notre direction, écoutez plutôt...

Il laissa une poignée de secondes à la jeune femme pour regarder l'homme écroulé à terre et entendre les bruits de pas qui se rapprochaient, puis reprit:

La seule issue qu'il nous reste à présent est la fuite, Mademoiselle. Croyez bien que je le déplore, mais les messieurs qui vont arriver ne font pas la différence entre l'innocente victime que vous auriez pu être et l'abominable meurtrier dont j'ai joué le rôle à l'instant. En particulier lorsque le cadavre est celui d'un grand ponte, donc...

Il tourna brusquement les talons et commença à se diriger à grands pas vers l'autre ruelle qu'il avait aperçue tantôt, et lança à la demoiselle:

Si vous vous sentez de taille à les affronter tous, vous n'avez qu'à rester. Mais si vous tenez un tant soit peu à la vie, suivez-moi et vite !

Il jetta un dernier regard à cette femme si désinvolte, puis repris sa marche forcée vers la seule porte de salut qui leur restait à tous les deux...

HJ: dsl c'est un peu court, mais au vu de l'heure tardive je ne peux pas faire mieux... Au moins tu l'auras pour demain au réveil. Bonne lecture.

Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 08/03/2007

Elle essaya, non sans mal, de ne cesser d'ignorer ce garçon qui s'adressait à elle, alors qu'elle ne savait rien de lui ... Et qu'il ne savait, encore moins, rien d'elle ! Elle continua de respirer l'air qui fouettait son visage et garda les yeux fermés. Elle faisait comme s'il n'existait pas. En tout cas, elle lui en donnait l'impression.

Car quelque chose au fond d'elle la poussait quand même à écouter ne serait-ce qu'un minimum les paroles qu'il énonçait. Ben oui, elle avait beau essayé de faire absraction de ce qui se passait autout d'elle, il vint un moment où on ne peut plus ignorer quelqu'un qui vous hurle dans l'oreille (^^)... Ca peut paraitre normal non ? C'est donc lassée, exténuée et vidée de sa patience la plus extrême, qu'elle tourna les talons et retint le jeune homme tant qu'il était encore temps en lui attrappant le bras d'un air violent, pour lui faire face - elle en avait dans les bras la petite, après son passé de "grosse dure" ^^ -,puis le regarda dans les yeux en lui lançant avec un sourire faux et méprisant ...

Ecoutez-moi ... Jeune homme, précisa-t-elle sur le même ton qu'il avait employé quelques secondes auparavant pour prononcer "Mademoiselle". Primo, je ne vois pas pourquoi vous me parlez sur un ton pareil, puisque je ne vous connais pas, et que vous n'avez en aucun cas l'autorisation de me donner un quelque ordre que ce soit. Secundo, en plus de cela, vous osez vous mettre dans un pétrin au coeur duquel aucune autre personne aussi égoiste et hargneuse que vous n'oserait se mettre. Et tertio, puisque j'y viens, vous ne vous êtes même pas présenté, avant de m'adresser la parole ... Et vous osez me dire ce que j'ai à faire ! Mais c'est un comble ...

Elle avait débité tout ce la à une vitesse folle, sur un ton on ne peut plus calme. ca en aurait surpris plus d'un, puisque, dans une situation pareille, n'importe qui se serait sauvé en courant pour éviter une sanction fatale. Mais notre chère Valentine, égale à elle-même, se foutait de ce qui pouvait lui arriver ... Mais ce qu'elle ne savait pas encore, c'est que Victor l'avait sauvé d'un crime important ... Il est vrai que, si elle restait sur les lieux, elle risquerait d'être impliquée dans cette affaire ... Mais après tout ... Si les hommes la trouvaient, elle n'aurait qu'à dire la simple vérité ... Non ?

De marbre, elle fixa son interlocuteur et le sourire aux lèvres, lui répliqua à nouveau sur un ton désinteressé et hautain :

Alors écoutez-moi une dernière fois ... Vous n'aviez qu'à réfléchir avant de commettre un tel acte ! Je ne peux rien pour vous ... Si vous vous faites prendre, justice sera faite ! Et puis d'abord, qui vous a obligé de me parler ? Depuis quand les gens es préoccupent de moi ? Pour m'éviter une quelconque punition ... ? C'est très fort, s'exclama-t-elle en riant faussement ... Mais non merci, je n'ai besoin de personne. Faites ce que vous avez à faire et je me débrouillerai toute seule !

Puis elle fit volte-face à nouveau. Un silence s'installa entre les deux jeunes personnes, laissant place au fond sonore de la milice, qui s'installa doucement avec un crescendo progressif ...

[HJ : Alors en fait, je pensais que là, pour que ça bouge un peu, tu pourrais me forcer à aller ailleurs ! A m'emmener avec toi quoi ... Comme ça, ça donne de la dynamique et ça change un peu. Parce qu'en fait, je voyais pas d'autre issue ! Ce serait trop bizarre qu'elle accepte, donc si elle a pas le choix, c'est simple ! ^^]

Nombre de messages : 51 Date d'inscription : 12/03/2007

Quelle idiote ! C'est de l'inconscience pure et simple !

En serrant les dents, Victor agrippa soudain le poignet de la jeune femme et il reprit sa course en entraînant cette inconnue avec lui. Malgré sa prise forte, il essaya de ne pas blesser cette étrange personne, et ses gants de velour noir l'aidèrent fort bien dans cette tâche. Il ne lui laissa pas le temps de se débattre, ni même de réagir. Il s'élança avec la rapidité de l'éclair vers la seule issue possible pour échapper à la milice.

Les choses cependant ne pouvaient se passer de façon aussi simple. Bien entendu, la dame ne se laissa pas faire et tenta de se dégager, sans succès. Elle parvint seulement à le ralentir un instant avant qu'ils ne s'engouffrent dans la ruelle. Une seconde auparavant, les soldats faisaient leur apparition sur la place. L'un d'eux, plus vif d'esprit, avait repéré le cadavre et eût la mauvaise idée de tourner la tête dans la direction de Victor et Valentine... Le jeune homme venait tout juste de s'engager derrière la première maison, mais Miss Grey était toujours visible lorsque le regard du soldat se porta sur elle, une fraction de seconde avant qu'elle ne disparaisse à son tour...

Là ! C'est elle ! Elle s'enfuit ! Alerte !

En entendant ses mots, Victor resserra son étreinte et accéléra sa course. Le bruits d'armures et de sabres tirés se faisaient entendre, couverts par les cris des miliciens qui se mettaient en chasse... Ils n'avaient pas vu Victor, il aurait très bien pu abandonner cette idiote à son triste sort. Mais il n'était pas du genre à laisser une femme innocente dans un embarras pareil, alors qu'il y était impliqué. Un côté galant qui se manifestait de façon étrange, sans doute...

Dépêchez-vous ! Cria-t-il à l'inconnue alors qu'il bifurquait intempestivement sur la droite.

Il déboucha sur une alcôve pleine d'objets lourds et imposants, des caisses, des tonneaux. Il ne sentait plus vraiment de résistance de la part de Valentine. Etait-ce la précipitation et la menace qui planait sur eux qui lui avaient fait oublier les efforts qu'elle faisait pour se dégager ? Ou avait-elle cessé d'elle-même ? Il ne se posa pas même la question. Il tira un bref instant sur le poignet qu'il tenait pour amener la jeune femme contre lui, il lui plaqua la main contre la bouche pour qu'elle ne crie pas, puis se colla contre le dos d'une caisse. Tout en tentant de clamer son souffle, il souffla:

Taisez-vous !

Il sentit qu'elle se débattait. Avait-elle peur ? Avait-elle conscience de la situation ? Il n'en avait que faire pour le moment. Il continua à la tenir fermement. Au bout de la rue, un garde passa brièvement devant l'entrée, puis continua sa course. Victor se mit alors à réfléchir...

Comment faire... Tôt ou tard, ils vont fouiller cet endroit... Et il semblerait que je ne puisse pa compter sur elle pour nous sortir de là. Mais d'abord, où sommes nous exactement...?

Il jetta un bref coup d'oeil et repéra le coin. Il savait maintenant où il se trouvait. Une idée lui vint alors en tête... Il se leva brusquement en tenant toujours Valentine, et traversa précipitamment la rue en se couvrant la tête. Un des miliciens les aperçut, et cria aux autres que le jeune fille avait un complice. Victor serra encore une fois les dents. Le couple de fuyards passa devant plusieurs impasses avant de s'arrêter devant une maison banale, au milieu d'une rue déserte. Sans ménagement, Victor poussa la porte d'un coup d'épaule et s'y engouffra, la refermant d'un violent coup de pied. Ils attérirent dans une masure sombre aux volets fermés, sous les yeux d'un homme fluet aux apparences presque faméliques, aux petits yeux perçants et écarquillés de surprise. Sans lui laisser le temps de parler, Victor lui lança:

Ne dis rien... Je t'ai pris comme informateur pour ta discrétion, alors pas un mot. Comme tu vois, j'ai besoin d'un service...

Il se tût alors que les bruits des armures passaient dans la rue. Puis il reprit plus calmement en tentant de reprendre son souffle:

Garde cette fille un petit moment sans lui faire de mal ni toucher à un seul de ses cheveux. Je resterai également quelques heures chez toi, ce matin. Il ne faut pas qu'elle sorte après mon départ, elle est recherchée. Je viendrai la reprendre quand j'aurai trouvé une solution pour elle. Si elle résiste, bailonne-la et attache-la s'il le faut, mais ne lui fais pas de mal.

En terminant sa phrase dans un souffle, il tira une petite bourse de cuir et la lança à l'homme, qui sourit en acquiesçant de la tête. Encore haletant, Victor posa ses mains sur ses genoux pour réccupérer, et leva la tête vers la jeune femme...